EXPORTATIONS: LA CHINE DIT OUI AUX INTESTINS DE PORC MAIS TEMPORISE SUR LE COGNAC

Dès le premier jour de la visite d'Etat du président Xi Jinping, lundi, le président de la République évoquait le « souhait » de son homologue chinois de ne pas « voir appliquées » les « mesures provisoires » chinoises visant le cognac français, après lui en avoir offert des bouteilles. Et ce sachant que cette eau-de-vie et l'armagnac représentent, à eux seuls, 95 % des spiritueux européens exportés en Chine.

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D'autant que la Chine a ouvert une enquête anticoncurrentielle sur les brandys européensUne procédure lancée sous forme de représailles adressées à la Commission européenne, elle-même à l'initiative de mesures protectionnistes à l'encontre des véhicules fabriqués en Asie. Le gouvernement chinois soupçonnait les spiritueux d'avoir pratiqué des prix plus bas à l'export que sur leur marché national entre 2022 et 2023.

Sauf que ce dossier reste en suspens. Selon une source diplomatique française à l'AFP, la Chine a fait savoir qu'en attendant l'issue de l'enquête, il n'y aurait pas dans l'immédiat de droits de douane à titre conservatoire.

Plusieurs accords pour les denrées françaises

Pékin a en revanche donné quelques gages sur le terrain de l'agriculture française en s'engageant à faciliter l'accès à la volaille, aux intestins de porc ou aux vins à indications géographiques protégées.

Les chefs d'Etat français et chinois « ont adopté pour la première fois, une déclaration conjointe relative aux échanges et à la coopération agricoles », a indiqué mardi 7 mai le ministère de l'Agriculture.

Dans l'immédiat, cela s'est traduit par la signature de plusieurs accords ouvrant plus largement l'immense marché chinois aux denrées françaises. Les entreprises françaises pourront continuer à exporter de la volaille sur le marché chinois même si un cas de grippe aviaire a été détecté dans le pays, à condition que la viande provienne de zones indemnes du virus.

« La France est le premier pays européen et le second pays au monde, après les Etats-Unis, à parvenir à conclure cet accord avec la Chine », poursuit le ministère.

L'importation de nouvelles parties du porc autorisée

La Chine a effectivement accepté d'autoriser l'importation de nouvelles parties du porc, les abats blancs, c'est-à-dire des pièces issues du système digestif comme l'estomac et intestin. Pieds, oreilles, couenne, museau, intestins désormais... La France trouve en Chine des débouchés plus rémunérateurs pour des parties du porc peu consommées en Europe et considérées comme nobles à des milliers de kilomètres de là.

Cet élargissement des débouchés de la filière porcine française est « très positif », a réagi auprès de l'AFP la directrice de l'interprofession Inaporc, Anne Richard. « Cela peut nous permettre d'augmenter de 10% nos exportations vers la Chine », soit un revenu supplémentaire potentiel de 26 millions d'euros, a-t-elle ajouté.

Un arrangement administratif sur le vin

Pour le vin, un « arrangement administratif relatif à la coopération vitivinicole permettra la promotion, la structuration et facilitera la coopération dans le secteur vitivinicole en Chine », indique le ministère en évoquant notamment la protection de la propriété intellectuelle.

Deux appellations vins de Bourgogne, Mâcon et Gevrey Chambertin, devraient ainsi être officiellement reconnues en Chine ce mois-ci. Cette décision devrait ouvrir la voie à la reconnaissance « de l'ensemble des appellations de la Bourgogne », qui compte notamment 84 AOC viticoles, s'est félicité dans un communiqué la filière vitivinicole bourguignonne.

Discussions sur la luzerne

Dans la déclaration commune de la France et de la Chine, il est par ailleurs précisé que les deux pays discutent de « l'ouverture du marché à la luzerne déshydratée », un aliment riche en protéines destiné au bétail dont la France est le deuxième producteur européen derrière l'Espagne.

D'autres dossiers agricoles restent irrésolus, comme celui sur la viande bovine française, malgré l'accord signé en 2018 qui a partiellement levé l'embargo chinois décrété en 2001 à la suite de la crise de la vache folle mais il ne concerne que certains morceaux de bovins de moins de 30 mois.

« La France restera vigilante pour parvenir à la levée complète de l'embargo au regard de l'encéphalopathie spongiforme bovine » - le nom scientifique de la vache folle -, selon le communiqué du ministère de l'Agriculture.

(avec AFP)

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